Deux semaines s'étaient écoulées depuis l'incident de la soirée. Kurame n'avait presque plus aucune séquelle, mis à part quelques cicatrices qu'une autre servante avait pansées pour elle, et un mal au bras occasionnel dû aux coups de pied qu'elle avait reçu. Son frère, quant à lui, se remettait doucement de ses blessures, bien que toujours mal en point. La vie au sein de la résidence du Rancor reprenait petit à petit son cours.
Beaucoup d'individus allaient et venaient au sein de la résidence. Des marchands d'esclaves, des mercenaires, et nombreuses autres personnes sans réelles importances. Jusqu'au jour où un individu singulier fasse son apparition.
C'était un homme assez grand, qui portait un masque noir totalement opaque recouvrant seulement la partie supérieure de son visage, rendant seulement son sourire visible. Il était vêtu d'une bure elle aussi noire, s'arrêtant au niveau de ses genoux.
Kurame était impressionnée. Jamais une personne semblable ne s'était présentée à son Maître. Qui plus est, quelque chose chez cet homme la dérangeait, outre son accoutrement peu singulier.
L'homme avait vraisemblablement rendez-vous avec le Rancor, comme la plupart des étrangers qui venaient jusqu'ici, et Kurame avait la tâche de lui servir des rafraîchissements, comme à son habitude. Elle arriva au milieu de la conversation, plateau en main.
"... et donc ce fils de Hutt est protégé par la République. Y'a même des Jedis j'crois. Si il se met à parler, on est cuit.
L'homme ne répondit rien, attendant seulement les indications du Rancor.
- T'es le meilleur il paraît. Moi, j'veux un truc rapide et précis. Dézingue le, c'tout c'que je demande. Tu seras payé la somme que tu veux, mais j'veux pas qu'il parle. Il va voir ce que c'est, de trahir l'échange.
Kurame approcha de l'homme, son plateau en main, qui était garni de boissons et de fruits, rendant la chose assez lourde. Sa blessure au bras commençait à se faire ressentir, et elle lâcha prise à peine arrivée devant l'individu. Elle se précipita à terre pour ramasser, sans un mot, comme d'habitude.
" Kurame, espèce de petite .. Déjà deux fois que tu me causes du tort, j'vais pas laisser passer ça, lâcha crûment le Rancor en se levant péniblement de son fauteuil
L'individu se leva lui aussi de son fauteuil, et vint aider Kurame à ramasser.
- Laissez, ce n'est rien. Pas la peine de s'énerver."
Kurame se figea un moment. Depuis qu'elle était arrivé, personne, mis à part son frère, n'avait montré un quelconque signe d'affection avec elle. Elle observa l'homme masqué ramasser ce qu'elle avait fait tomber, ne sachant comment réagir. Une fois qu'il eut terminé, il lui tendit la main pour l'aider à se relever, qu'elle agrippa après un certain temps d'hésitation.
Le Rancor, quant à lui, observait la scène, partiellement énervé. Il estimait qu'un esclave n'était qu'un objet, et voir une telle compassion de la part de son invité lui donnait un sentiment de dégoût.
Kurame recula, le regard braqué sur cet homme qu'elle ne connaissait pas, et pour qui elle éprouvait plus de sympathie que la totalité des personnes ici présentes. Le Rancor la foudroya du regard, puis revint à son invité.
" Tss.. Donc le gars est protégé par des Jedis, il parait. J'ai entendu dire que ça posait pas de problèmes, mais j'ai des doutes, tu vois. J'veux être sûr de pas perdre mon temps.
- Les Jedis ne poseront pas de problèmes. Je ne suis pas aussi incapable que vos hommes.
Le Rancor frappa l'accoudoir de son fauteuil violemment, ce qui eu pour effet de faire reculer d'un pas les deux molosses qui lui servaient de garde du corps.
- Ecoute moi bien, j'me fiche de qui tu es. Ici, t'es chez moi. Alors tu me montres du respect, ou tu finis comme tout les autres qui se sont amusés à jouer avec moi, compris ?
L'inconnu esquissa un sourire narquois, puis répondit d'un ton qui trahissait son ironie.
- Si c'est ce que vous voulez.
- Tss.. Parlons de tes honoraires, dans c'cas. Combient il te faut ? Cent-mille crédits ? Deux-cents ?
L'inconnu resta muet, et pointa seulement du doigt la jeune fille, qui se tenait en retrait, un peu plus loin.
- Quoi ? L'enfant ? Tu veux cette esclave ridicule ?
La dizaine de mercenaires présent dans la salle se mit à éclater de rire.
- Mais tu te fous de ma gueule, ma parole ? Ecoute moi bien, tu peux être aussi bon que tu veux, ici, c'est moi qui fait la loi. Et si tu penses le contraire, mes gars vont te faire comprendre que je rigole pas.
En une fraction de seconde, la dizaine de mercenaires qui se moquaient de lui l'instant d'avant l'avait encerclé. Ils se tenaient de part et d'autre de l'inconnu et du Rancor.
- Ecoutez, je ferais pas ça si j'étais vous,
rétorqua l'inconnu qui s'était levé entre temps
- Et tu continues à faire le mariole en plus ? Les gars, allez-y." dit le Rancor en s'enfoncant dans son fauteuil pour regarder la scène, tandis que les mercenaires se rapprochaient de lui
L'inconnu souleva sa bure, révélant les deux sabres assez court qui étaient dissimulés dans le bas de son dos, dont il agrippa les poignées des deux mains, silencieux. Les mercenaires se jetèrent sur lui, certains armés d'armes blanches, les autres le maintenant en joug avec leur blaster.
Kurame, qui se tenait en arrière, n'en croyait pas ses yeux. Elle allait assister au massacre de cet homme, et l'instant d'après, la plupart des mercenaires étaient à terre, les derniers tombant, la gorge en sang. L'inconnu se trouvait au niveau du Rancor, rangeant ses sabres. Le Rancor, quant à lui, était dans le même état que Kurame. Il ne comprenait pas comment la plupart de ses hommes avait été balayée en une fraction de seconde.
"Qu.. Qu'est-ce que tu as fait ?! Comment c'est possible ?!
L'inconnu essuya le sang qui se trouvait près de sa bouche, et vint tapper contre le crâne du Rancor avec son doigt, à plusieurs reprises.
- Tu aurais été moins faible, tu aurais compris. Comme tout les autres ici. Maintenant, tu ne vois aucun incovénient à ce que je prenne la gamine ? dit-il en pointant Kurame du pouce.
- Prends la ! Prends la, vas-y, elle ne me sert à rien, de toute façon, elle est bonne à rien ! Je la garde juste parce que ça amuse les gars de voir une gamine faire ça ! Mais laisse moi en vie, j't'en supplie !"
Kurame s'était rapprochée entre temps, marchant entre les cadavres, pour la plupart égorgés. Elle ramassa un des blasters des mercenaires, et mis le Rancor en joug, tremblant de tout son petit être.
"Ku.. Kurame, ma petite, pose ça ! Tu vas faire quelque chose d'idiot ! Allez, sois pas bête, repose le où tu l'as trouvé.. !
L'inconnu se rapprocha de Kurame, et s'abaissa jusqu'à avoir sa bouche au niveau de ses oreilles.
- Tu en as envie, n'est-ce pas ? Après tout ce qu'il t'a fait, tu rêves de lui faire payer, non ? Mais tu as peur, je me trompe ? Peur de devenir comme lui ?
Kurame ne répondit pas, continuant de trembler.
- Fais le."
Kurame ferma les yeux et appuya sur la gâchette. Le Rancor s'éteignit dans un cri stoppé net par l'impact du tir. Kurame tomba à genoux au milieu des cadavres, à moitié en larmes, et lâcha l'arme. Elle contempla ce qu'elle avait, et était partagé par un sentiment de joie et de dégoût. Sa vie allait enfin pouvoir changer, mais elle allait sûrement être hantée par cet acte qui salit ses mains, désormais pleines de sang.
L'inconnu lui tendit la main pour la deuxième fois dans la journée, cette fois-ci pour lui faire une proposition.
"Viens avec moi. Si tu me suis, je te purgerai de toutes tes peurs, quelles qu'elles soient. Je t'offrirai un foyer, et une nouvelle vie.
Kurame hésita un instant, mais avec la mort du Rancor, elle et son frère n'avait pas d'autre endroit où aller. Cette proposition lui sembla honnête, et elle agrippa la main de l'individu masqué, avant de se relever.
- Fais tes affaires, nous partons dans 10 minutes."
Elle partit en courant, non pas pour aller récupérer le peu de choses qui lui appartenaient, mais pour retrouver son frère. Elle le retrouva dans un des couloirs, venant à sa rencontre. Il avait entendu le coup de feu, et craignait qu'il ne soit arrivé quelque chose à sa sœur. Personne ne semblait avoir réagi dans la résidence. Normalement, un seul coup de feu signifiait que le Rancor avait tué son invité. Si il y avait eu plus de tirs, ça voudrait dire que les mercenaires présents avait eu à s'en mêler, et alors, il y aurait eu lieu de s'inquiéter pour la vie du Rancor.
"Kurame ! Tu vas bien ? Tu.. Tu es couverte de sang !
En effet, elle avait baigné dans le sang lorsqu'elle était tombé à genoux, mais son frère se rassura à moitié en s'apercevant que ce n'était pas le sien.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- On s'en va, grand frère. Viens, dit-elle en essayant de l'emmener par le bras.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
Elle ne répondit pas, continuant de tirer de toute ses forces sur le bras de son frère. Ce dernier abandonna toute idée de résister, et se laissa emmener par sa petite sœur. Ils finirent par arriver dans la salle où tout s'était produit. L'inconnu avait dégagé le Rancor de son fauteuil, et se tenait assis à sa place, la jambe droite par dessus un des accoudoirs, dégustant un fruit. Kurame remarqua que le fruit était partiellement recouvert de sang. Elle ne chercha pas à savoir d'où il provenait, le fruit avait du tomber dans le sang et s'en recouvrir à ce moment là.
"Tu as fait vite ? Qui est-ce ? lâcha l'homme masqué en finissant sa bouchée.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est vous qui avez fait ça ? répondit Ko'ran en se mettant devant sa sœur, comme pour la protéger.
- Ton frère, c'est ça ?
Il soupira, se relevant et jetant le reste du fruit un peu plus loin.
- J'imagine que tu ne partiras pas sans lui ? Ecoute gamin, j'emmène ta sœur avec moi. Je lui offrirai une nouvelle vie, que tu le veuilles ou non. Alors, tu n'as qu'à venir aussi. J'imagine que toi aussi, tu pourras me servir de façon utile.
- Jamais elle ne partira avec vous, vo..
Ko'ran n'eut pas le temps de finir sa phrase. Sa sœur lui tirait le bras, et le regardait d'un regard qu'il avait rarement vu.
- C'est bon, grand frère. Viens avec nous.
Ko'ran serra le poing, regardant l'inconnu, qui lui, attendait les bras croisés.
- Bien.. Je viendrai avec vous. Pour elle.