Sujet: Pendasa, la danseuse d'ombre Dim 3 Jan - 15:04
Portrait:
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Prologue:
Nom : Lor’ee. Prénom : Pendasa. Race : Twil’ek. Âge : 25 ans.
Rang : Apprentie de Dark Ariöch, Parjure.
Alignement : Obscur.
Description physique : Pendasa est une Twi’lek à la peau cuivrée dans des tons de chair, des anneaux sombres entourent ses lekkus. Son visage arbore un masque décidé et volontaire et ses yeux violets transpercent quiconque doutera d’elle.
Son passé de danseuse lui confère une allure athlétique et une beauté remarquable qu’elle cherchera à masquer par le port de vêtements amples mais pratiques.
Caractère : Pendasa reste maîtresse d’elle-même en toute circonstance. Curieuse de tout ce qui l’entoure, elle ne désire qu’une chose : s’affirmer parmi les Siths en acquérant le plus possible de connaissances sur le culte et les rituels. Elle est persuadée, et elle y arrivera, de devenir une érudite. Elle cherche à maîtriser la colère et la haine de son corps, et ainsi de ce qu’on lui a infligé par le passé, à travers les arcanes qu’elle étudie ou le rite qu’elle élabore.
Passionnée donc par les savoirs siths, l’art du sabre est pour elle secondaire. Elle se repose principalement sur la Force, ayant tout de même acquis les fondamentaux de l'arme sur Korriban.
Pendasa se refuse aux plaisirs, surtout celui de la chair, leur préférant l’étude. Elle est devenue une ascète.
Armes : - Ce qu’elle considère comme une magie : elle emmagasine la Force à travers des rituels pour manipuler les esprits et l'environnement, décharger des salves d'éclairs au combat, ou invoquer.
Forme de combat : - Forme VI : Niman (forme des diplomates) : c’est une forme de combat modérée, pratique en toute situation et peu exigeante. (Source : SWTOR-RP)
Qualités : - Ambitieuse. - Humble. - Curieuse et avide de connaissances. - Courageuse dans le travail et l’étude. - Extrêmement déterminée.
Défauts : - Très froide, elle peut paraître hautaine. - Redoute l’échec. - Manipulatrice. - Utilise un vocabulaire très soutenu.
Prologue:
« Je suis Pendasa. A travers mon corps transite le pouvoir. A chacun de mes pas tremble votre chair. Par mes mots cède votre esprit. Ma beauté n’est qu’illusion. Les douces courbes que je dessine ne sont que charmes portés par ma volonté. Votre désir est faux. L’obscurité imprègne vos songes. Et je danse parmi ces ombres. […] »
Ces quelques mots rituels, je les ai écrits à mon arrivée sur Korriban à la suite d'un rêve sombre, et délicieux. Dans ma tendre enfance, la danse était passion. A l’orée de l’âge adulte, elle devint haine. Aujourd’hui, elle est pouvoir. Je suis Pendasa Lor’ee, j’ai bravé la luxure, exploré les arcanes siths et voué mes ennemis au néant. Voici mon histoire.
Chapitre I, Une danse dans les nuages:
Je suis née dans le palais de Shaun’ani, demeure ancestrale des Lor’ee, noble famille de Ryloth. Je me souviens de cette carrière que nos ancêtres avaient fait creuser pour nous protéger de la chaleur et des tempêtes. Une ombre rafraîchissante s’échappait des murs et plongeait la cour d’honneur dans une douce torpeur. Je me souviens de ses pavés d’un bleu irisé qui bordait notre porche de pierres blanches. Deux statues de danseuses twil’eks, d’un marbre rouge veiné de noir, aux courbes voluptueuses, soutenaient une voûte naturelle qui éclairait de son ocre orangé l’entrée de notre palais.
Shaun’ani était constitué de sept étages largement ouverts par d’immenses baies vitrées donnant sur la carrière. Ma chambre, située au deuxième, était mon refuge, mon reposoir. L’endroit où s’entassaient mes rêves de petite fille et d’où s’écoulent encore mes souvenirs d’adolescente. Nous vivions agréablement, mes parents, mes trois sœurs et moi, la benjamine. Nous étions les héritières d’une célèbre agence de marketing intergalactique que nos ancêtres avaient fondée. Ils avaient établi de nombreuses succursales à travers les mondes du noyau et nombre de nos clients nous invitaient régulièrement dans leurs villas. Nos parents exigeaient de nous la plus parfaite des tenues de corps et d’esprit et nos précepteurs nous enseignaient les réparties fines à servir dans les dîners, les réflexions, les discours les mieux construits, une diction précise et décidée. « De la grâce, Mesdemoiselles, de la grâce ! » était la phrase que nous singions à chaque occasion que nous avions de nous évader.
Chacune de nous quatre apprenait un art : le chant pour Esamhagel, notre aînée ; la peinture pour Tumkani, la musique pour Ayeb’ii et la danse pour moi, la benjamine. Bien sûr, nous les avions choisis. Jamais nos parents ne nous l’auraient imposé, par peur de nous soustraire à notre nature profonde.
Je me souviens de ces nombreux cours de danse, dans la galerie d’apparat de Shaun’ani, de ce professeur qui m’enseignait les gracieuses danses twi’leks. Non, pas celles de cantinas crasseuses où les esclaves parodient d’immondes danses langoureuses ; les véritables danses de Ryloth où la femme twi’lek et son compagnon se déplacent sur une chorégraphie sensuelle et altière. Je me souviens d’entraînements où, seule, dans ma chambre, la musique résonnait, mon corps dessinant d’enveloppantes arabesques, mes bras se faisaient ailes, mes pieds glissaient en un vertigineux ballet aérien. Mon esprit se focalisait sur le rythme, mon esprit était la musique. Et je volais.
Mon oncle, Bibfort Lor’ee, nous rendait régulièrement visite. Maître Jedi, il était chargé de la formation des jeunes initiés sur Tython. Notre père nous parlait régulièrement de son frère avec fierté, évoquant avec bienveillance son départ, très jeune. Rarement, il était revenu sur Ryloth voir sa famille. En ces quelques occasions, mes sœurs et moi lui montrions nos œuvres artistiques. Je voyais dans ses yeux son plaisir de renouer avec les traditions twi’leks.
Je me souviens d’une journée au cours de laquelle je dansais pour lui. Il me regardait d’une manière étrange, il observait avec attention mon environnement proche. Il s’approcha de moi, me prenant par l’épaule, et me dit d’un triste sourire qu’il avait perçu d’infimes vibrations autour de moi. Il sentait cette force vitale m’envelopper, me porter : « Jeune Pendasa, il y a quelque chose en toi. Tu seras une grande danseuse, je te l’affirme, dans l’espace, le temps et les esprits ». Encore enfant, je ne comprenais pas que cette étrange énigme allait régir ma vie.
Dans mon entourage, on évoquait souvent la magie qui animait nos actes, nos paroles. On nous apprenait que chaque action, chaque mot pesaient dans la balance. Cette philosophie, je l’appliquais dans chacun des pas que m’apprenait ma maîtresse de danse, Baar'el. Ayant enseigné au sein de Neb Trys, la célèbre école de danse de Kala’uun, elle avait été recruté par mes parents pour être ma préceptrice. Elle ne cessait de me dire que j’étais la meilleure de ses élèves, que je faisais sa fierté par ma grâce et mon charisme. Elle charmait également ma famille par sa présence, son esprit vif et son expérience.
Durant des années, je me suis entraînée, j’ai multiplié les efforts pour m’accomplir. Je rêvais de m’envoler vers les grandes scènes intergalactiques, de danser dans les étoiles. Entraînements éreintants, sueur sur le parquet, muscles noués, tête endolorie des nuées qui s’enroulaient autour de mon corps, tel était le fil de mes jours. Mais la passion restait, et m’animait.
Souvent, pour reposer nos esprits, nous allions nous promener en famille dans un jardin creusé dans une carrière située non loin de notre palais. Inspiré du Jardin des pierres flottantes, ce parc ne nous lassait pas de ces illusions d’optiques où les galeries végétales s’ouvraient sur d’impressionnantes structures géométriques de pierre. Le parfum des fleurs, le vrombissement des insectes, les délicates statues ravissaient nos sens jeunes filles.
Lors d’une énième promenade, j’avais 18 ans, mes parents nous accompagnaient exceptionnellement pour une sortie familiale. Alors que nous discutions paisiblement, un bruit de moteur assourdissant déchira nos tympans : un immonde vaisseau atterrissait dans le parc. Mangé par la rouille, les francs balafrés et décorés d’un crâne rouge enchaîné, il dégageait une pestilentielle odeur de kérosène et de souffre. La passerelle se déployant dans un nuage de poussière, une escouade de Gands et de Trandoshans équipés de fusils blaster émergea du vaisseau. Leurs tirs touchèrent immédiatement mes parents. Etant à quelques mètres d’eux, je fus surprise de ressentir une absence soudaine en moi. Chose encore plus étrange, une force, une énergie vitale puissante m’envahit. La mort venait de pénétrer ma vie. Alors que d’autres tirs touchaient mes sœurs, je courrais éperdument, complètement déboussolée par le malheur qui nous frappait, à la recherche d’un abri. Je rejoignais un épais arbuste quand l’un des pirates me surpris. En me menaçant de son arme, il m’intima l’ordre de ne pas bouger. Il allumait son transmetteur quand je fus saisi d’une peur soudaine. Tendant les mains en un geste d’imploration, je fermais les yeux, terrorisée.
Aujourd’hui, je comprends ce qu’il s’est passé. Mon esprit, débordé par la terreur et gorgé d’une nouvelle force vitale, s’était insinué dans son âme, inondant ses sens de volupté et de folie. Ses jambes tremblaient, des voies étranges pénétraient son esprit, et il n’avait plus aucun contrôle. J’ouvrais imperceptiblement les yeux, une immense fatigue m’envahissant, et à travers un voile je vis venir d’autres pirates au secours de leur compagnon possédé. Je me réfugiais dans les limbes de mon esprit, pour me protéger, sûrement.
Je me réveillais quelques heures plus tard, les chevilles et les poignets entravés. Assise contre un paroi métallique dans une pièce puante et obscure, je sentais une présence près de moi. Depuis les brumes d’où j’émergeais, je devinais une douceur amicale et connue, rassurante. Dans ma tête, un visage se précisa, Baar'el avait également été capturée, enlevée au palais de Shaun’ani. Je m’effondrai en pleurs dans ses bras, vidée de toute force. Délicate et attentionnée, ma préceptrice caressait mes lekkus d’une main tremblante, presque effrayée. Son attention me rassurait et me plongeait toujours d’avantage dans l’affliction que provoquait la perte de mes parents.
J’ignorais alors où ces pirates nous emmenaient mais je connaissais le sort des femmes twi’leks vendues comme esclaves.
Chapitre II, Esprit:
Chaque étape de ma vie passée fut une initiation durant laquelle je suis morte et j’ai ressuscité. Les rites ont pris une place de plus en plus importante. Rituel du corps et de la volupté. Rituel du mot et de l’esprit. Rituel de la volonté et de la folie. J’émergeais d’une torpeur oppressante qui laissait mon cerveau envahit de brumes. La sensation d’une eau fraîche et caressante m’enveloppait. Une douce lumière s’attardait sur mon visage, filtrée par une petite lucarne ; j’entendais le bruit des speeders, de la foule, étouffé par des murs épais.
Ouvrant les yeux, je constatais que j’étais enveloppée de draps de soie dans un immense lit à baldaquin. Il trônait sur une estrade, au milieu d’une chambre au sol recouvert d’un doux nuage pelucheux et aux murs décorés de délicates tentures d’Alderaan d’un profond bleu azuréen cousues de fils d’or. Je respirais profondément et ouvrais les yeux sur le lit, distinguant une silhouette couchée dans une posture languissante, aimable. Baar'el me sourit, elle paraissait droguée.
« - Je suis tellement désolée pour nous, ma toute belle. Jamais, je n’aurai pensé finir dans un lieu comme celui-là.
- Où sommes-nous ? demandais-je, les yeux embués de sommeil. - On nous a amené sur Nar-Shaada. Je ne suis pas sûre, mais je crois que c’est une maison de filles. J’ai vu beaucoup de mâles passer, riches, très riches, originaires de toute la galaxie. »
Ses yeux paraissaient briller quand elle prononça ces mots. Alors, mes oreilles s’attardèrent pour la première fois sur une fine pluie sonore que déversait un mélodieux carillon. Ma préceptrice agitait une chaîne de clochettes du bout de ses doigts.
« On m’a demandé de ceindre cette ceinture autour de tes hanches, Pendasa. Une larme roulait sur son visage affichant un sourire empreint d’une douce folie. Il est des choses qu’une jeune femme doit connaître : le pouvoir de l’argent, le luxe, l’érotisme, elle t’apprendra tout cela. »
Saisie d’un vague malaise, la nausée montant du creux de mon estomac, je me réfugiais en moi-même. Mon corps se crispait et je sombrais dans les brumes de mon esprit.
Je rêvais.
De l’obscurité émergeait une petite cour ronde pavée de pierres blanches. En son centre, une fontaine déversait une eau limpide qui rebondissait sur les margelles et dansait dans les rayons d’une lune rousse. Assise sur un banc de marbre, j’observais que ce lieu ne possédait aucune échappatoire. J’étais entouré d’une petite haie basse, d’un vert profond, et d’une série de hautes colonnes disposées en cercle.
J’entonnais d’une voie qui n’était pas la mienne, aigre et froide, une mélodie aux accents tribaux et sauvages. Comme invoquée, une silhouette noire émergea d’une des colonnes. Elle agitait mollement devant elle un encensoir d’argent d’où s’échappait une fumée paresseuse. S’asseyant à ma droite, elle posa sa main sur mon épaule et commença à reprendre la mélodie, ma voix s’atténuant peu à peu. La silhouette dégagea sa capuche pour laisser apparaître le visage serein d’une vieille Twi’lek. La peau parcheminée était empreinte d’un délicat sourire. Sa main, osseuse et décorée d’anneaux d’or, caressait tranquillement mon bras. Ce geste m’apaisait et je posais ma tête sur ses genoux.
Au même moment, le ciel, auparavant d’un blanc nacré, s’obscurcit d’un immense nuage sombre vomissant des éclairs bleutés. Un flash de foudre frappa la fontaine, disloquant les joints, les pierres s’effondrant dans le bassin et l’eau éclaboussant le pavage de la cour. Un halo d’un rouge sombre enveloppait à présent les ruines.
Face à cette déchirure de l’espace et du temps, la vieille Twi’lek se leva prestement, se dressant entre le nuage et moi et fit tomber l’encensoir, ce dernier se brisant et laissant échapper un panache gris. Elle retira d’un geste souple son manteau, sa main gauche agrippant une canne au pommeau enflammé. Me tournant le dos, elle étendit les bras, ses manches et les pans de sa robe claquaient dans le vent et faisaient miroiter le tissu d’un violet irisé. Elle prononça ses paroles :
« Gerkak Daesha te parle, immondice. Ravale ta superbe, que les vents t’emportent vers les nuées et que ta démente luxure pourrisse dans l’obscurité d’où tu es venue. Pars ! »
Je me réveillais, les sens en alerte, baignant dans une sueur froide. A travers l’obscurité de la pièce, la porte était ouverte et dévoilait un rectangle de lumière jaune sur la moquette. Dans l’encadrement de la porte, je distinguais une très belle Twi’lek richement vêtue d’une tunique de lin. Baar'el se trouvait devant moi, aussi gracieuse et svelte que sur Ryloth, mais un sentiment de puissance et de richesse émanait de sa personne. Et un masque d’horreur s’affichait sur son visage.
Mon ancien professeur se rua sur moi, m’agrippa la main et me tira hors du lit, m’intimant l’ordre de la suivre. Nous franchissions la porte quand je distinguais un nuage violet s’évaporant dans la chambre ; au même instant mon œil fut attiré par une goutte de sang qui avait coulé de haut en bas sur la porte.
Baar'el me tirait de plus belle dans un immense couloir où de nombreuses portes étaient entre-ouvertes, dévoilant de jeunes Twi’leks étonnées ou des têtes de clients libidineux. Elle ouvrit une porte et me projeta dans une petite salle, la fermant derrière elle. Alors qu’elle se précipitait sur un pupitre pour prendre un énorme livre relié de cuir, je m’attardais quelques instants sur le miroir de danse en face de moi. Je distinguais autour de moi un subtil brouillard, et un vieux visage se superposait au mien, souriant innocemment. Je me retournais soudainement quand j’entendis mon nom ; Baar'el avait ouvert le livre.
« Pendasa, cela fait une semaine que tu es endormie. Cela suffit. Maintenant, tu vas m’écouter ! »
Effrayée par son intonation, j’obéissais.
Je suis décidée aujourd’hui à vous retranscrire la sentence que j’ai entendue cette nuit là.
Rituel du corps et de la volupté. Rituel de la folie et de la volonté. Entre la contrainte et la liberté, je resserrerai ton espace. Voici que le temps des illusions s’achève Et que les limites sont transcendées. Pour accéder au cœur de notre maison Il te sera accroché trente clochettes à la taille A chaque épreuve réussie, A chaque soumission de l’esprit sur le corps, Une clochette te sera enlevée. Ne t’y trompe pas, jeune Pendasa Chaque tintement verra ton renoncement.
Elle ferma le livre d’un coup sec et, dans une passion débordante, me dit : « Je suis une descendante d’Aryannah Bar’eah, celle qui a inscrit ses paroles dans la tradition twi’leki. Cette immense danseuse a vécu voilà plusieurs siècles et a repoussé toutes les limites de notre art : comment jouer dans l’ombre, dans la lumière, avec sensualité et ferveur. C’est elle qui a ritualisé les trente clochettes et les trois principes que nous chérissons ici : la volonté, la volupté et la folie.
Elle agita ses bracelets dans ma direction pour que je vienne à elle. Des larmes coulaient sur mes joues, me remémorant les corps suppliciés de mes parents, la disparition de mes sœurs. J’avais compris ce à quoi elle me destinait, ce pourquoi tant de jeunes femmes twi’leks étaient déportées en esclavage. :
« - Mais pourquoi, pourquoi avez-vous fait ça ? Mes parents vous faisaient confiance.
- Voyons Pendasa, ne te doutais-tu pas qu’une jeune et belle danseuse comme toi allait attirer l’attention ? Que l’énergie vitale qui coule dans tes veines t’a dévoilée à de nombreuses personnes ?
- L’énergie vitale ? Je ne comprends pas ; mes sanglots mâchaient mes mots. Vous avez réduit ma famille en cendre pour votre ignoble intérêt personnel. Vous êtes immonde, une courtisane dépravée et perverse ! - Tu es bien naïve, dit-elle en m’assénant une formidable gifle qui m’envoya au sol. Ne comprends-tu pas que certains ont leur vie à assumer et d’autres leur destin ? Que cherchais-tu en dansant ? A dépasser tes limites ou à végéter ? Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir un destin, pauvre idiote ! »
Maintenant l’emprise qu’elle avait sur moi, elle poursuivit :
« Tu as trop de talent pour rester simplement une jeune et jolie demoiselle. Ce que je vais t’offrir, dans ma maison de plaisir, dépasse toutes tes espérances. A toi la légèreté, plus aucun carcan pour régir ta vie, la richesse pour tes vieux jours. En t’amenant ici, j’ai fait un pari, Pendasa : donner à cette maison tout le lustre qu’elle mérite, et celui de te donner la chance de briller. Je ferai de toi mon bijou, mais j’attends en retour que tu m’obéisses. C’est là ma seule condition. »
Recroquevillée au sol, je subissais l’avalanche et je priais en mon fort intérieur, que les hurlements cessent, ceux de Baar'el et ceux dans ma tête. Je pris conscience à cet instant que pour survivre, je devrai me plier à ce rituel, m’abaisser à jouer la courtisane pour briser mes chaînes.
Chapitre III, La violence des corps.:
Humblement, j’inclinais la tête pour saluer Baar’el. Nous étions cinq Twi’leks présentes ce jour là, cinq jeunes femmes qui attendaient que le rituel s’achèvent. Cinq esclaves qui n’avaient pour s’en sortir et survivre que leur souplesse, leur endurance et leur agilité. Durant 9 mois, nous avions consacré nos efforts à l’accomplissement du rite. Chaque muscle endolori, chaque entorse n’étaient qu’une marche : une dizaine de clochettes pour autant de danses apprises et un principe maîtrisé. Mais aucune des souffrances que nous endurions n’était à la hauteur de ce qu’il se passait derrière chaque porte close de la maison.
Tous les matins, nous étions réveillées aux aurores. La matinée était consacrée à l’apprentissage d’une nouvelle danse, l’après-midi à l’entraînement de celles apprises. Comme une récompense grâcement offerte, nous devions être honorées de danser devant ces immondes mâles, gavés de luxure et de privilèges. A chaque fin de trimestre, devant l’ensemble des anciennes courtisanes, nous présentions l’ensemble des danses apprises et ce que nous avions retenu du principe. La volonté, la volupté, la folie, ce qui au départ était pour moi, de vains mots, s’étaient ancrées en moi comme un dogme diabolique, une insupportable litanie qui ne cessait jamais de nous poursuivre. Nous étions maudites.
Parties 50 esclaves, nous étions ce jour cinq à nous présenter devant la Maîtresse. Les anciennes nous avaient vêtues de tuniques légères faites de voiles irisés et de chaînettes d’or. Baar’el trônait devant nous, dans une cathèdre d’ébène. Le bois poli brillait d’un reflet bleu, les accoudoirs stylisés dans une représentation sensuelle soutenaient les lourds bracelets d’or de mon ancienne préceptrice. De part et d’autre du siège, deux humains eunuques, la taille ceinte d’un pagne blanc, tenaient chacun une canne de métal gravés d’entrelacs.
Sereine, elle prit la parole en ouvrant les bras :
« Mes chères amies, vous entrez enfin dans le monde. Ce lieu est un palais de plaisir, de jouissance, pour des hommes fortunés. Vous serez leurs concubines, leurs esclaves mais avant tout vous êtes des courtisanes, de superbes jeunes femmes qui maîtrisaient la folie des sens. »
Elle s’arrêta de parler quelques secondes pour permettre à son discours de pénétrer pleinement nos esprits. Claquant des doigts, elle appela Rakma’le, une courtisane parmi les plus anciennes, qui vint s’agenouiller au pied de la cathèdre, tremblante . « Cela dit, je tiens à ce que vous sachiez une chose. Je vous ai révélées. Désormais, vous m’appartenez totalement, irrémédiablement. Si je vous dis de vivre, vous vivez. Si je vous dis d’aimer, vous aimez. Si je vous dis de mourir, vous mourrez. »
Elle jeta un regard dégoûté à la Twi’lek agenouillée devant elle et tourna la tête vers l’un des eunuques en hochant la tête. Impassibles, les deux humains s’approchèrent de la Rakma et levèrent leurs cannes. Ils les abattirent précisément sur chaque articulation. Chaque craquement, chaque hurlement nous fitt frissonner, pleurer de honte et de pitié. La peau éclatée laissait échapper un flot continu de sang.
Je ne sais ce qui me prit alors mais je fermais les yeux et lançais mon esprit en quête de la plus infime trace de conscience encore présente dans ce corps supplicié. Je réunissais par la pensée les débris de son âme et les enveloppais de toute la tendresse dont j’étais encore capable. A ce moment précis, une des cannes s’abattit sur son crâne, faisant disparaître soudainement l’esprit de Rakma’le.
Je rouvrais les yeux, les poings serrés, laissant couler une larme sur ma joue. Mon regard s’attardait sur le corps sans vie de la Twi’lek quand Baar’ m’ordonna d’approcher, un sourire tranquille aux lèvres. « Pendasa, et vous toutes ici, comprenez maintenant qu’il n’est pas donné à tout le monde d’avoir un destin. Je vous ai épargné une vie de labeur où vous végéteriez comme des Tuskens. Je vous offre une chance, ne la refusez pas. Partez maintenant, préparez-vous, faites-vous belles. Les clients vont bientôt arriver. »
Je ne peux décrire ce que j’ai ressenti la première fois où l’un de ces immondes mâles a sacrifié mon corps sur l’autel de sa luxure. Plusieurs heures durant, j’avais dansé pour lui jusqu’à ce qu’il prenne sa décision. Les yeux embués d’ivresse, il m’avait possédé. Il émanait de lui un parfum infernal de corruption et d’argent. Mon corps n’était plus qu’un réceptacle pour la jouissance de ces monstres, et une coquille pour mon esprit, réfugié dans les limbes de ma pensée.
Deux années, interminables, durant lequel ce jeu des corps et de l’esprit s’est accéléré. La danse n’était plus une passion, elle était devenue opprobre. Là où les spectateurs applaudissaient ma grâce, aujourd’hui les yeux s’allumaient d’un regard lubrique, les sourires se faisaient carnassiers. De la marchandise, une chair vulgaire destinée à la vicissitude des classes dirigeantes, soumise. Baar’el et ses suivantes nous avaient appris à satisfaire les plus sombres désirs de leurs clients ; mais par-dessus tout, elles exigeaient de nous le contrôle de ces pauvres esprits, petits êtres inférieurs, incapables de résister à leurs pulsions. La moindre faille était exploitée, la moindre information récupérée, pour cela je leurs vouais une haine éternelle, que je sais vive encore aujourd’hui. J’exécrais mon corps qu’ils avaient fait leur, cet esprit perverti capable de séduire les mâles les plus riches, mais incapable d’éprouver le moindre sentiment. La haine, seulement, me maintenait en vie : haine des autres et de moi-même.
A trois reprises, j’ai été tentée de mettre fin à mes jours, laisser s’échapper cette essence vitale. Mais au plus profond de moi une étincelle brûlait, sombre et froide, avide de réaliser une destinée qu’elle savait sienne, une destinée où les ombres deviendraient mes amies les plus chères. Cette étincelle s’animait d’un feu sans joie et elle m’ordonnait d’attendre.
Un soir qu’une énième danse, une énième soumission de mon corps avaient eu raison de moi, je m’effondrais sur mon lit, l’âme déchirée, des spasmes ravageant mes cuisses et la nausée frôlant mon cœur. Je parvenais à tomber dans un sommeil où d’horribles images torturées émanaient de mon esprit. Une lumière pâle me réveillait mais je décelais aussitôt une anomalie : elle n’était pas naturelle comme celle du soleil.
Elle se tenait au pied de mon lit, une bougie à la main. Cet objet démodé constituait déjà en lui-même une rareté mais la Twi’lek qui se tenait devant moi focalisait mon attention. Elle était étrange, sa peau bleue parsemée de tatouages noirs contrastait violemment avec sa robe de laine brute, défraîchie, elle semblait être lavée par intermittence. Son aspect négligé et la prestance qui émanait d’elle malgré les quelques rides ne me permettaient pas de lui donner un âge. Elle avait des mains osseuses aux tendons saillants recouvertes par une peau qui ressemblait à du parchemin. Elle me dévisageait et malgré la faible clarté, je voyais ses yeux d’un bleu perçant.
« Tu es réveillée, dit-elle. Maintenant, suis-moi. »
Dernière édition par Pendasa le Mer 25 Mai - 9:15, édité 4 fois