« On s'est perdu Synar, je te le dis. Je savais bien qu'il ne fallait pas passer par cette fissure.
-La ferme, Arini, la ferme. Le surveillant veut cet holocron, et on lui ramènera, coûte que coûte !
-Bien... mais viens pas pleurer si on meurt !
-Si on meurt, l'avantage, c'est que tu me feras moins chier. »
Les deux comparses avançaient, seuls dans l'obscurité de cette caverne. Ils avançaient à petits pas peu rassurés, tout deux leurs sabres d'entraînement à la main. Ils revêtaient pitoyablement les loques de ceux que l'Académie de Korriban considère comme les Acolytes : de la chair à canon qui visent à devenir le futur de l'Empire Sith. Maints sont ceux qui périssent dans les épreuves les plus basiques ; dans le ventre d'une limace K'lor pour les plus chanceux, des doigts impitoyables de leurs Surveillants pour les autres, et, pour les moins chanceux, dans la tourmente infligée par les esprits qui hantent chacun des tombeaux de la planète ensablée.
L'un deux était un humain que l'on peut aisément qualifier de standard : Taille standard, aux alentours d'un mètre soixante-quinze, pointure standard, musculature standard, de même que ses traits : il n'était ni trop beau, ni trop moche... standard. Il portait un châle en tissu mité autours des épaules et en guise de capuche. Peut-être espérait-il se donner, déjà, l'air d'un puissant seigneur noir des Sith ? Peut-être s'imaginait-il dès à présent comme siégeant en tant que Darth 'il-ne-savait-qui' au Conseil Noir ? Nul ne le savait. Il tenait dans sa main droite le ''sabre d'entraînement'' que le surveillant dont-il dépendait avait daigné lui offrir. Il le tenait comme si il pouvait lutter contre toutes les menaces de Korriban avec lui. Il le tenait avec sûreté, avec confiance, la faible lueur jaunâtre qui émanait des barrettes énergétiques éclairant sa face apeurée. Au fond de lui, il n'ignorait sans doute pas que l'énergie prodiguée serait insuffisante pour assommer une limace K'lor d'une taille descente, ou toute autre menace. Le rouge de sa tunique cendrée tranchait avec l'air froid et inhospitalier de la caverne où ils avançaient maintenant.
Un murmure étrange souffla dans le couloir, qu'ils ne voyaient pas distinctement. Ici et là, les pierres commençaient à s'agençait avec une précision accrue, alors qu'ils marchaient bientôt quarante-cinq minutes. Arini l'humain fit volte-face vers son ''ami'', bien qu'il savait que l'un ou l'autre devrait trahir l'autre à un moment de leur enseignement. Une grimace d'effrois s'était accrochée à ses lèvres glacées par le froid naissant :
« Tu as entendu ça, Synar ? » lâcha t-il, une volute de condensation sortant de sa bouche à moitié ouverte.
« C'est le vent abruti » rétorqua sèchement l'autre, puis il pointa une direction du bout de son sabre « Allez, on continue. On va le trouver ce foutu holocron, et le surveillant fermera ce qui lui reste de gueule à ouvrir ! »
Synar, lui, était totalement en dehors des standards de sa race, déjà bien peu ''standard''. Il était l'un des représentants de la race des Ratattaki, des aliens humanoïdes à la peau aussi grisâtre que les tertres de Tython, la planète-mère des Jedi. Il était grand, dépassant d'une dizaine de centimètres Arini. Sa tête était tatouée d'un noir de mort, qui assombrissait ses traits déjà peu cléments. Sur son crâne, dénué de tout cheveux, trônait fièrement de nombreux bijoux, que les siens avaient l'habitude d'arborer, dont une tiare double qui lui enserrait le front. Son corps, musclé comme tout un chacun, était entièrement tatoué d'une frise complexe, comme racontant une histoire. Un connaisseur dans cet antique langage aurait pu comprendre le sens du texte : « Dans les profondeurs de la mort, affrontant son destin lui-même, ce guerrier en ressortira sublimé ». Mais soit, il n'en était rien. Bien peu de Sith, même versés dans les arcanes des dialectes pré-guerre de l'hyper-espace auraient été capable de le déchiffrer.
Il revêtait par dessus son corps une courte tunique violette, prouvant qu il suivait, à l'inverse de son compagnon, la voie des manipulateurs du côté obscur, ceux que l'on nommait plus généralement les ''Inquisiteurs''. Dessus, de nombreux arabesques étaient affichées, peintes par lui-même à l'aide du sang de chaque ennemi qu'il avait croisé, affronté et vaincu. Dans ces dessins se mêlait même le sang d'un acolyte, froidement assassiné dans un tombeau, là où aucune règle du Sanctuaire de l'Académie n'a cours.
Ses yeux représentaient la curiosité même, bien qu'on y voyait briller l'étincelle d'un meneur et d'un être dénué de toute pitié. Il avançait avec une énergie qui faisait défaut à son compagnon.
Sans Synar, il était aisé de dire qu'Arani aurait déjà fuit ces catacombes, revenant bredouille, préférant affronter la colère de son surveillant que les mystères des entrailles de Korriban, comme un lâche. Un souffle rauque retentit, comme l'air frottant sur les pierres à nue de la pièce. Une lueur bleutée y régnait, rendant visible l'intégralité des murs.
La pièce faisait environ cent mètres carrés au sol, et quatre énormes braseros brillaient à chacun des coins. Leurs flammes étaient bleu, et la fumée âcre qui en sortait semblait déposer une fine couche de gel sur tout ce qu'elle touchait, si bien que le plafond était orné de stalagmites de plusieurs dizaines de centimètres, encore loin du sol malgré tout. Au milieu de la pièce trônait un magnifique siège : deux gueules d'une créature inconnue reposaient l'une contre l'autre, dont chacun des orbites brillaient de la même lueur bleue, les accoudoirs faites d'un matériel transparent et... une main ?
Arini se frotta les yeux, là où Synar voyait déjà bien clair. Une silhouette se détachait du trône. Informe, presque invisible. Intangible pour être précis. Arini recula d'un pas en direction de la sortie, pour se heurter à un mur à l'endroit même par là où ils étaient entrés l'instant d'avant. Il fut soudainement pris de panique, et Synar du le calmer en envoyant son poing dans son estomac. Le souffle court, tenu au mur d'une main, il renvoya le frugal déjeuner qu'ils étaient parvenu à trouver et à avaler.
Synar se mit en garde, le sabre d'entraînement devant lui, en prévention d'une quelconque attaque. Sa garde n'était pas parfaite, pas totale, mais avait le mérite d'être sûre. Il était déjà dans un esprit d'affrontement, les yeux rivés sur la silhouette éthérée. Celle-ci leva une main, puis la tendit vers les nouveaux venus. Des mots caverneux emplirent la pièce, alors que le visage même de la silhouette était encore invisible à l'oeil :
« Bienvenue en ces lieux, larves. Bienvenue... dans votre tombe »
Les braseros brillèrent plus intensément, puis s’éteignirent complètement. Arini voulu s'enfuir, et trébucha sur un caillou, précipitant sa fuite au sol. Il sentit quelque chose de puissant l’agripper à la jambe, et donna des coups de pieds dans le vide, sa lame d'entraînement gisant au loin, brisée en deux dans l'impact. Il se sentit toujours tenu à la jambe, puis une force identique lui compressa l'épaule, et le souleva du sol. Il hurla de toute ses forces, se débattant comme un nouveau né, devant cette main impérieuse qu'il ne pouvait voir. Puis, la voix repris
« Toi... »
Une profonde inspiration venue de partout à la fois retentit, comme si la salle elle même humait la peur qui émanait de ce frêle personnage.
« Pitié, Pitié ! Je ne reviendrai plus ! »
Puis, la force le lâcha, et il heurta le sol. Les braseros se rallumèrent, et la porte lui était de nouveau visible. Il fonça vers celle-ci, jetant un regard terrifié vers le Ratattaki à terre, le crâne ouvert et les yeux laiteux, se rapprochant de la por... il étouffa un hoquet de douleur, arrêté dans son élan par une douleur indescriptible au ventre. Dans l'incapacité de respirer, la folie avait déjà gagnée ses yeux, il tourna un visage crispé de terreur vers celui-ci. Un bras s'était planté au niveau de son estomac, et il sentit une main enserrer son organe. Au bout de cette main, il découvrit un corps, puis remonta, sa vision s'assombrissant, vers le cou, et enfin, le visage... un visage bien connu, un visage d'homme...
« Pa...pa? » articula t-il dans un dernier souffle, avant de se laisser gagner par la peur, la douleur et les ténèbres. Sa dernière vision était celle d'une abîme tourbillonnante.
De son côté, Synar luttait contre la même force qui avait eu raison d'Arini. Il avait cependant était plus intelligent en propageant un éclair de force dans l'un des braseros afin qu'il l'éclaire d'une lumière suffisante, sa vision naturelle dans le noir fit le reste. Des vrilles d'ombres noires se déplaçaient vers lui, et tentaient de le frapper et de le saisir à la moindre occasion. Il avait réglé la puissance générée par sa faible lame à son maximum, infligeant des coups suffisants pour repousser les assauts répétés de ces choses des ténèbres. Un point brilla au loin, il ignorait où, la pièce ayant perdu de sa taille, pour devenir démesurée, atrocement longue. Il courut pendant ce qui lui semblèrent de longues minutes, évitant, roulant et frappant ces ombres qui lui voulaient querelle et s'arrêta sur une accoudoir du trône. Il saisit la chose brillante, une longue poignée nue, et son visage s'éclaircit. Il avait enfin une arme digne de lui.
Il activa le sabre laser, et la lueur carmin fut suivit du sifflement caractéristique de l'activation d'un ''sabre de lumière'', comme les appelaient ses confrères qui n'étaient pas sensible à la Force comme lui. Il se retourna pour affronter les tentacules de ténèbres, et tourna, tourna, et tourna encore, essoufflé, pour constater qu'il était de nouveau au centre de la pièce, à côté du trône. Tout était redevenu clair, illuminé. La voix retentit à nouveau :
« Toi... »
Le chuintement d'un sabre laser se fit entendre derrière lui, et Synar se retourna vivement. Il para presque machinalement un premier coup, pour voir apparaître devant lui une silhouette en long manteau sombre, capuche relevée, de sa taille. La silhouette sourit, sous l'ombre portait par la capuche, et elle avança d'un pas, repartant à l'assaut. Ses coups étaient précis, rapides, puissants. Synar était épuisé de sa course effrénée contre les ténèbres, et de grosses gouttes de sueurs lui coulaient dans les yeux, qui lui brûlaient alors. Mais il n'avait pas un moment de répit. Enchaînant les coups à une vitesse effarante, la silhouette semblait volontairement louper certaines de ses attaques, comme si elle ne souhaitait que maintenir la pression sur son adversaire. Synar recula, et se prit dans le cadavre d'Arini. Une pensée lui traversa l'esprit :
« Toujours au mauvais endroit à faire la mauvaise chose, même dans la mort »
La silhouette ricana alors, et lâcha :
« Amusant... Tu ne devais guère l'aimer. »
Et le Ratattaki réfléchit un instant de trop, son adversaire lui bondissant dessus, pour finir au dessus de son visage. L'incompréhension gagna alors les yeux de Synar, qui avait vu sous la capuche de l'autre. Il articula quelques mots :
« Qui... êtes-vous ?
-Je suis toi. » rétorqua l'autre silhouette dans la foulée, avant de continuer « Et toi ? Qui es-tu ? »
Ses yeux gagnèrent alors en sûreté, et son visage se fendit en deux, alors que la main de la silhouette était posée sur son front. Il absorbait des vies entières de connaissances, de savoirs et de secrets liés à maints mystères de la galaxie, structurant alors rapidement sa réponse en ancien Sith :
« Je suis toi... »
La silhouette éclata d'un rire néfaste, et, comme soufflée par un vent mauvais, s'éparpilla en volute de poussières. La salle replongea dans l'obscurité, et, lorsqu'elle s'illumina à nouveau, il avait reprit sa place d'avant, alors au tout début de ces instants, en garde devant cette silhouette sur le trône.
Arini lui toucha l'épaule :
« Tout vas bien, Synar ? »
Le Ratattaki se retourna, un sourire sadique sur les lèvres, les yeux brillant d'une cruauté consommée. D'une flexion de son esprit, il étrangla Arini grâce à la Force, et tendit la main vers le trône, attirant à lui le sabre laser dénué de toute frivolité, et même d'activateur. Il l'activa comme s'il avait toujours su le faire, et la lueur se refléta dans les yeux effrayés de son ''ami''. D'un revers, il le trancha en deux, et lâcha :
« Je suis Darth Nàvrat... et tu n'es rien... »
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Sujet: Synar Travnà 
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